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Covid-19 : le masque Decathlon pourra-t-il sauver les salles des sports ? - Le Parisien

Et si des millions de sportifs amateurs retrouvaient leur tapis de course et leur banc de musculation grâce à un masque spécial? Lancé cet été par le ministère des Sports, Decathlon et de l'Union sport et cycle, le projet d'un tissu capable de protéger du Covid-19 et adapté à la pratique du sport en intérieur est actuellement dans sa phase d'homologation. Une perspective applaudie par la filière, dont les salles sont fermées depuis le mois de septembre. Explications.

Comment ça fonctionne ?

Pour l'instant, Decathlon reste évasif sur les détails techniques du masque sur lequel il travaille depuis plusieurs mois dans ses locaux nordistes. « Nous avançons pas à pas et souhaitons bien valider toutes les étapes du processus de développement, explique la marque dans un communiqué transmis mercredi soir. A l'issue de ces étapes, nous serons en mesure de communiquer plus de détails sur ce produit. »

« Il doit allier respirabilité et sécurité, souligne le délégué général de l'Union Sport Cycle (USC), qui regroupe la majorité des professionnels du secteur, Virgile Caillet. Ça demande des matériaux particuliers, qui ne transigent pas avec le principe de faire barrière contre le virus. » Le produit, finalisé par Decathlon, est actuellement entre les mains de l'Association française de normalisation (Afnor), chargée de l'homologuer scientifiquement.

« Ce masque doit être suffisamment rigide pour ne pas rentrer dans la bouche lorsque nous inspirons pendant l'effort, décrit le médecin hygiéniste et infectiologue Stéphane Gayet, du CHU de Strasbourg. Il doit aussi supporter la sudation de celui qui le porte, sans être trop étanche pour que l'air passe. »

A quel point serait-il efficace ?

« Il doit l'être au moins autant qu'un masque classique », insiste Virgile Caillet. Decathlon insiste également : son innovation doit être « un masque respirant et avec les mêmes caractéristiques de filtration ». L'Afnor, qui travaille avec des techniciens et des scientifiques sur le sujet, doit s'assurer que le produit répond à ces exigences.

« Techniquement, c'est faisable, assure Stéphane Gayet. Le virus ne passe pas dans l'air, mais essentiellement via des gouttelettes. On a des tests très précis en laboratoire qui permettent de déterminer ce qui sort ou non d'un masque, et dans quelle direction. »

Quand serait-il disponible ?

C'est l'une des grandes questions. Decathlon assure qu'il donnera plus de détails sur la commercialisation du produit « possiblement à la fin du premier trimestre ». Du côté de l'USC, on table sur une homologation dans les prochaines semaines pour passer sur une phase de tests en situation réelle en février et une commercialisation plus large au courant du mois de mars. Contacté, le ministère des Sports évoque « un travail bien engagé », mais se montre encore prudent sur une date de mise à disposition du public.

« Il faudra le faire valider par le Haut Conseil à la Santé publique et par le ministère de la Santé », a souligné mercredi la ministre, Roxana Maracineanu. Par ailleurs, sa commercialisation ne serait pas synonyme de réouverture immédiate des salles, la décision en revenant au Conseil de défense.

A qui serait-il destiné ?

Aux sportifs amateurs. « Les professionnels ont des dérogations pour pratiquer sans masque, ça ne les vise pas », décrit Virgile Caillet. Le public cible : les salles de sport, les cours de fitness ou de yoga. Il pourrait aussi s'appliquer aux sports d'intérieur sans contact physique, comme le tennis, le badminton ou le tennis de table.

« C'est une lueur d'espoir pour un secteur important de notre économie », poursuit le délégué général de l'USC, qui déplore la fermeture définitive de 400 salles de sport depuis le début de la crise sanitaire. « Si cette innovation nous permet de rouvrir, on est y est évidemment très favorables », lance Fabien Rouget, porte-parole de Basic Fit. Enfin, le masque sportif n'aura aucune incidence sur la réouverture ou non des domaines skiables.

Combien coûterait-il ?

C'est l'autre grande inconnue du dossier. « On n'est pas encore capables de donner un chiffre précis à ce stade du processus, reconnaît Virgile Caillet. Ça dépend aussi si l'on en commande 10 000 ou 20 millions. »

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« Son prix et sa durabilité vont être une donnée importante de son efficacité, explique Stéphane Gayet. Si vous avez un masque à usage unique qui coûte cher, vous avez de fortes chances que les gens soient tentés de le réutiliser et se mettent en situation de contracter le Covid-19. » Selon nos informations, ses concepteurs tablent pour l'instant sur au moins une dizaine d'utilisations par masque.

« Dans tous les cas, ce sera plus cher qu'un masque classique », prévient le délégué général de l'USC. Plusieurs professionnels du secteur espèrent que le ministère des Sports prendra au moins une partie du coût du masque à sa charge. Mais là encore, ce point n'est pas encore tranché.

Pourra-t-on le fabriquer soi-même ?

A priori, non. Le procédé technique dépasse largement le niveau d'exigence requis pour un masque classique. L'Afnor nous indique que le cahier des charges visera les industriels désireux de suivre Decathlon sur ce créneau, mais ne sera en aucun cas un patron pour les sportifs amateurs, comme c'est le cas pour le masque grand public.

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