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Le poète et critique littéraire Philippe Jaccottet est mort lemonde.fr - Le Monde

Une solitude très entourée, et non un ermitage : c’est la vie qu’avait choisie Philippe Jaccottet, qui est mort le 24 février, à Grignan (Drôme), à l’âge de 95 ans. Il était l’un de nos très grands poètes, un des plus lus, étudiés et traduits dans le monde entier. Il était né le 30 juin 1925 à Moudon, en Suisse. De nombreux amis de passage sont venus dans la maison de Grignan – où il a vécu avec sa femme Anne-Marie depuis leur mariage en 1953, elle peignant, lui écrivant.

Ce qu’a été pour lui, citadin de Lausanne puis de Paris, la découverte de ce pays de pierres sèches et de chênes verts, presque méditerranéen, où il a trouvé comme une « terre natale », Jaccottet l’a dit dans les magnifiques proses de La Promenade sous les arbres (Mermod, 1957) ou de Paysages avec figures absentes (Gallimard, 1970), où il cherchait à analyser ce qui pour lui reliait l’expérience poétique à l’émotion ressentie devant le monde sensible.

« Quelques paroles jetées légères » : avec sa fluidité, sa justesse, ses incertitudes, l’œuvre de Philippe Jaccottet est une de celles qui peuvent toucher universellement. Parce que, toujours soucieuse de véracité, elle garde confiance dans la poésie – qui est, comme la musique, l’une des réponses possibles au malheur. C’est ce qu’il rappela à Soleure (Suisse), où lui fut remis le prestigieux Grand Prix Schiller, en 2010, ajoutant, après avoir évoqué un des Kindertotenlieder, de Mahler : « Rilke [1875-1926], à l’œuvre de qui je serai resté attaché toute ma vie, avait déjà déclaré il y a bien longtemps qu’il n’était plus question pour nous autres de vaincre, seulement de “surmonter”, paroles encore plus vraies maintenant. »

Une prose poétique

Proses réflexives, pages de carnets, études critiques sur la poésie, traductions ont constamment accompagné, chez Jaccottet, la création poétique. Adolescent, en Suisse, au carrefour de plusieurs cultures et de plusieurs langues, il a d’abord admiré Claudel, Ramuz et Novalis, sous l’influence de Gustave Roud. Devenu ensuite collaborateur de l’éditeur Mermod, à partir de 1946 à Paris, il a fait la connaissance de Francis Ponge, Pierre Leyris, Henri Thomas et donné des chroniques de poésie à La Nouvelle Revue française.

Philippe Jaccottet a consacré beaucoup de talent et d’énergie à la traduction, cette « transaction secrète ». Il a traduit et fait connaître en France toute l’œuvre de Robert Musil (1880-1942), une part considérable de celle de Rainer Maria Rilke, et établi l’édition de Friedrich Hölderlin (1770-1843) à « La Pléiade ». Il a appris l’italien en lisant son ami Giuseppe Ungaretti (1888-1970), qui a tenu à faire de lui son principal traducteur, s’est lancé dans l’étude du russe à cause de la découverte passionnée d’Ossip Mandelstam (1891-1938). Il a même traduit du grec l’Odyssée, en vers de quatorze syllabes.

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