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Netflix dégaine le premier film de super-héros made in France - BFMTV

Ce film de super-héros français, disponible sur la plateforme, offre une alternative à Marvel et DC - tout en conservant une identité purement française.

Cela peut sembler difficile à croire, mais la France aussi sait faire des films de super-héros. Il a fallu attendre plus d’un siècle, et Vincent n'a pas d'écailles (2014), pour voir notre cinéma s’emparer de cette mythologie monopolisée par les Américains. Comment je suis devenu super-héros, sur Netflix le 9 juillet, est le premier film du genre à proposer, avec des moyens certes moins importants que Hollywood, une véritable alternative à Marvel et DC - tout en conservant une identité purement française. 

Aux commandes de ce petit miracle se trouve un vrai passionné, Douglas Attal, dont c'est le premier film en tant que réalisateur. Connaisseur jusqu’au bout des ongles des histoires publiées chez Marvel et DC, il s’est inspiré d’un roman signé Gérald Bronner qui lui a permis de mettre en scène dans un Paris contemporain et réaliste un récit entre polar et récit super-héroïque, dans la lignée de Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons.

Dans un monde où les super pouvoirs sont démocratisés, deux policiers, Moreau (Pio Marmaï) et Cécile Schaltzmann (Vimala Pons), enquêtent sur un trafic de drogues procurant des super-pouvoirs à ceux qui n’en ont pas. Alors qu’ils peuvent compter sur l’aide de deux anciens justiciers masqués, Monté Carlo (Benoît Poelvoorde) et Callista (Leïla Bekhti), le passé de Moreau ressurgit...

"Ne pas se brider, ne rien s’interdire"

Initialement prévu pour une sortie au cinéma l’année dernière, Comment je suis devenu super-héros débarque finalement sur Netflix: "On fait ce choix principalement pour la visibilité que ça peut apporter au film. En raison de la situation sanitaire, on s'est dit que c'était la meilleure solution pour qu'il se démarque. C'est le film parfait pour le public assez jeune de Netflix. J'ai fait un film de super-héros assez urbain, inspiré par des séries comme Daredevil, qui avaient été produites par Netflix. Ca avait du sens."

Une fin heureuse pour un projet que Douglas Attal a mis une décennie à concrétiser: "Ça a pris du temps, parce que c’est long de monter un film comme ça. C’est très ambitieux comme premier film et comme je n’avais fait que deux courts-métrages et quelques making-of (notamment pour Platane), ça a été une bataille pour financer le film, trouver les bons partenaires et convaincre un distributeur et des chaînes de télé. Mais j’y croyais très fort. J’ai tenu bon. Quand je sentais que je perdais espoir par moments, je relisais le roman de Gérald et ça me ramenait à cette envie un peu primordiale d’où est venu ce film. Je savais que ce serait mon premier film."

La défiance était grande d’autant qu’en France, le cinéma fantastique est toujours regardé un peu de travers: "Il y avait cette idée préconçue à laquelle je croyais à moitié, que le genre n'appartient vraiment qu'aux Américains. J’avais l’impression qu’on pouvait le traiter à notre manière, mais aussi parce qu’il y a des personnages dans l’imaginaire français qui s’apparentent aux super-héros et aux super-méchants." Le succès mondial de Lupin avec Omar Sy l’a depuis prouvé.

Douglas Attal a aussi pu compter sur le soutien de son père Alain Attal, producteur téméraire qui n’hésite pas à investir dans d’ambitieux premiers films, comme Le Chant du Loup: "Il aime beaucoup les premiers films. Il aime aider des réalisateurs à trouver leur identité. C’est précieux d’être entouré par quelqu’un prêt à prendre tous les risques et à se lancer dans des projets impossibles. Ça donne envie de ne pas se brider, de ne rien s’interdire." 

Trouver le bon ton

Douglas Attal a été tenté au départ de faire une superproduction: "On avait des accords de principe d’une chaîne et d’un distributeur, mais je ne me sentais pas tout à fait à l’aise avec l’ampleur du projet. Le ton n’était pas tout à fait singulier. Je sentais que je n’allais pas avoir une totale liberté sur le projet tel qu’il était écrit." Il a donc peaufiné l'écriture: "On a perdu les accords qu’on avait, mais le film est devenu plus singulier."

Un extrait de "Comment je suis devenu super-héros"
Un extrait de "Comment je suis devenu super-héros" © Netflix

Il n’avait alors pas encore eu l’idée d'injecter du polar dans le genre très cofidié du film de super-héros - une idée qui offre toute sa singularité au film: "la première version du scénario était un peu plus traditionnelle en termes de film de super-héros. On était dès le départ dans un récit de super-héros beaucoup plus assumé, avec une grosse scène d’action et d’intervention de super-héros."

Comment concevoir un tel projet alors qu’il n’y a aucun équivalent en France? "Il y a une part d’inconnu", concède-t-il. "Ce qui me semblait être la bonne voie, c’était de rentrer dans un monde qu’on avait l’impression de connaître, un Paris contemporain et populaire, pour ne pas trop déstabiliser le spectateur, et exposer les éléments de super-héros au fur et à mesure que l’histoire avance, sans avoir recours à une scène d’exposition." 

Avec un budget d’1,5 million d’euros rien que pour les effets spéciaux (sur les 12 millions que le film a coûté dans sa totalité), Douglas Attal a ainsi tenu à ce qu'ils soient un prolongement des personnages: "Il fallait que les pouvoirs ne fonctionnent pas en tant que tel, mais dans le climat des scènes. Ils ne devaient pas être le sujet des plans, on devait les voir par leur regard." 

Un Paris contemporain et populaire

Douglas Attal a puisé l’inspiration dans plusieurs comics marquants des années 80-90-2000, comme Watchmen, ou encore Gotham Central d’Ed Brubaker et Greg Rucka, The Autority de Warren Ellis et Bryan Hitch, Powers de Brian Bendis et Michael Avon Oeming et Marvel de Alex Ross et Kurt Busiek. "J'aime bien les histoires qui prennent aussi le parti de parler des humains dans les univers de super-héros. J'aime bien ces histoires qui traitent du gigantisme des super-héros à travers le regard des humains." Il voulait éviter la parodie dans la lignée de Superdupont

Un extrait de "Comment je suis devenu super-héros"
Un extrait de "Comment je suis devenu super-héros" © Netflix
"Je suis vraiment un fan du genre. J’ai vraiment envie qu’on y croie quand on voit le film. J’avais envie qu’il y ait de l’humour, mais pas qu’on se moque du genre. J’avais envie que l’iconographie des super-héros ne prennent pas trop de place non plus, que les costumes soient plus discrets. On s’est appuyés sur des matières utilisées pour les vêtements de police, pour faire ressortir le côté polar."

Le réalisateur s’est aussi appuyé sur l’architecture atypique des XVIIIe et XIXe arrondissements, où il a grandi: "J’avais envie de revenir à la source de mon enfance, de l’endroit où j’avais commencé à aimer l’univers des super-héros. Je voulais aussi montrer un Paris qu’on n’avait pas forcément l’habitude de voir. On n’avait pas les moyens de construire un Paris de toute pièce et j’étais persuadé qu’on trouverait dans ces quartiers de quoi créer un univers sans qu’on ait besoin de dépenser un sou pour construire un décor.”

Une partie du film se déroule aussi dans l'hippodrome d'Evry, désaffecté depuis les années 1990. "Il sert depuis aux entraînements des forces d'intervention et dans le film, c'est le repaire du méchant. Visuellement, l'endroit est incroyable: il y a des lignes de fuite, c'est labyrinthique, je voyais des possibilités infinies pour ma grosse scène de fin. Ce lieu est intéressant, parce qu'il s'est délité avec le temps. Ça correspondait au parcours de mon personnage."

Pio Marmaï face à ses démons

La crédibilité de l’univers repose aussi sur le casting. Souvent employé pour jouer des personnages immatures, Pio Marmaï se révèle très convaincant en policier tourmenté face à sa Némésis (Swann Arlaud), vicelard et sadique à souhait. "On sent à l’écran une noirceur et une colère qu’il n’avait jamais exploitées. Il a eu du mal à les donner, il voulait désamorcer, mais j’avais envie d’y aller franchement, de le mettre face à lui-même, face à ses démons."

Face à lui, Benoît Poelvoorde incarne avec beaucoup de sobriété et de tendresse un personnage mélancolique dans la lignée du Hibou de Watchmen. Super-héros à la rapidité légendaire, celui-ci vit désormais en ermite depuis qu’il est atteint par la maladie de Parkinson. Difficile de ne pas y voir un commentaire sur le statut même de Poelvoorde, dont la verve s’est quelque peu atténuée ces dernières années.

Leïla Bekhti
Leïla Bekhti © Netflix

Il a aussi développé les personnages féminins, qui étaient très en retrait dans le roman. "On a féminisé un des personnages (celui de Leïla Bekhti) et on en a ajouté un qui n’existait pas (celui de Vimala Pons). Leïla m’avait confié son envie de jouer un personnage de super-héroïne. On l’a écrit pour elle. On n'a pas beaucoup de figures d’autorité féminine au cinéma. On a voulu faire de ce personnage un modèle pour les jeunes."

Avec Comment je suis devenu super-héros, mais aussi Bac Nord, Le Dernier Voyage, Méandres, Mandibules, La Nuée ou encore Teddy, la France montre qu’elle est capable de produire des récits fantastiques, d’action, super-héroïques ambitieux, avec une véritable identité. Douglas Attal va poursuivre dans cette veine: "c’est ma passion. Là, j’ai envie de faire une série fantastique, un peu plus intimiste, avec une bonne dose de mélodrame, à la Shyamalan."

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