Bertrand Guay/Pool/Getty Images
POLITIQUE - Coups de gueule et cris de détresse. La 46e cérémonie des César a sacré, vendredi 12 mars, le roi de l’humour acide et absurde Albert Dupontel pour “Adieu les Cons.” Mais au-delà du palmarès, la soirée a également été marquée par de nombreuses prises de paroles politiques, à tout le moins engagées, un an après le couronnement-fiasco de Roman Polanski.
Président cette année d’une cérémonie très attendue sur les questions de diversité, Roschdy Zem a ouvert les festivités en soulignant que “le métier change”. “Les règles du jeu changent, non pas pour que le jeu s’arrête, mais pour jouer à égalité cette fois”, a-t-il notamment lancé, juste avant le sacre de Fathia Youssouf et Jean-Pascal Zadi, deux acteurs noirs, désignés meilleurs espoirs.
Des nominations très symboliques pour les César, institution-phare du cinéma français longtemps minée par les accusations d’entre-soi et d’opacité. “Chaque génération doit trouver sa mission, l’accomplir ou la trahir”, a notamment lancé Jean-Pascal Zadi en recevant son prix, citant le penseur Frantz Fanon. Un plaidoyer pour l’égalité au cours duquel le comédien a également rendu hommage à Adama Traoré ou Michel Zecler.
“Une faillite sur fond de guerre idéologique”
Une tonalité qui n’a pas franchement plu à tout le monde. Outre les billets acides d’une partie de la presse, plusieurs élus -souvent de droite- s’indignent, ce samedi, d’une cérémonie trop politique, trop lointaine du cinéma.
“La cérémonie des César est une catastrophe pour la culture, une faillite sur fond de guerre idéologique”, a par exemple écrit le député Les Républicains Éric Ciotti sur les réseaux sociaux. Mêmes critiques pour sa collègue Nadine Morano. L’eurodéputée cingle, sur son compte Twitter, une cérémonie qui a tourné ”à la décadence culturelle” pendant laquelle “on glorifie une famille de délinquants.”
Pour Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, “assister à ce naufrage de la culture française est d’une infinie tristesse.”“Vulgarité, idéologie, médiocrité...”, écrit celui qui se verrait bien jouer un rôle pour 2022 sur les réseaux sociaux.
“Il y d’autres moyens de servir une cause juste”
Sur le même ton, Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l’Orne ironise de son côté sur le “strip-tease” de Corinne Masiero. “No culture, no future” sur le ventre, “rends-nous l’art, Jean” sur le dos: la comédienne, alias capitaine Marleau sur le petit écran, a marqué les esprits en ôtant un costume de Peau d’Ane sanguinolent, se retrouvant entièrement nue sur la scène pour remettre le prix du meilleur costume.
Outre les questions d’égalité, la grande préoccupation de la soirée a évidemment été la crise sanitaire, la scène servant à plusieurs reprises de tribune pour crier le désespoir du monde de la culture, confinée depuis de longs mois.
Mais pour l’élue centriste, “il y d’autres moyens de servir une cause juste.” Tout le contraire de Fabien Roussel, le patron du Parti communiste qui salue, lui aussi sur son compte Twitter, la prestation de la comédienne: “Bravo à Corinne Masiero qui, hier soir, n’a pas fait de cinéma pour défendre le monde de la culture en danger.”
Dans le même registre, l’eurodéputée insoumise Manon Aubry a salué l’action de Corinne Masiero, qui selon elle a “mis la politique culturelle du gouvernement à nu”.
À voir également sur Le HuffPost: Les grands vainqueurs de la cérémonie des César 2021
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