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Comment la préparation des sports « traditionnels » inspire l'esport - Le Journal du dimanche

Il était une fois une équipe française d’esport qui rêvait de remporter le Major, trophée le plus prisé du jeu vidéo de tir Counter-Strike : Global Offensive. La happy end a bien eu lieu dimanche à Paris. La structure allemande GamerLegion qui leur faisait face n’y pouvait rien : les cinq joueurs de Vitality étaient habités depuis des mois par l’idée de soulever la coupe à la maison. Devant un parterre de 12 000 personnes massées dans l’Accor Arena, le capitaine français Dan « apEX » Madesclaire et les siens ont remporté leur premier Major, après une saison 2022 en-deçà des attentes.

Les sourires étaient bien évidemment de rigueur pour la conférence de presse lundi, au lendemain de leur victoire. Mais le coach danois du club français, Danny « Zonic » Sørensena, a surtout insisté sur les efforts fournis par chacun pour remonter la pente : « C’était beaucoup de pression. Nous avons passé cinq mois à travailler sur cet événement et ça n’a pas toujours été facile. » Annoncé par Emmanuel Macron en personne le 11 septembre dernier, l’événement est vite devenu l’objectif principal de l’équipe. Pour y arriver, le staff des « abeilles », fidèle à leurs mascottes, s’est mis au travail avec méthode.

S’inspirer du sport « traditionnel »

Loin des clichés, les journées de ces joueurs professionnels de jeu vidéo sont bien huilées. « Une journée typique, c’est de la théorie de dix heures à midi, détaille Matthieu Péché, le manager de l’équipe. Après une heure de repas, on met en place des oppositions et de la pratique jusqu’à 18 heures. » Cet emploi du temps est complété, au besoin, par des entrainements individuels et de la préparation physique.

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Médaillé de bronze en slalom de canoë-kayak aux Jeux olympiques de Rio, en 2016, Matthieu Péché a rejoint l’encadrement du club il y a quatre ans. Le manager estime avoir apporté une plus grande discipline : « En arrivant, j’ai placé un cadre en insistant sur le fait de bien manger et de bien dormir. Le manager, dans les débuts de l’esport, ça pouvait être un pote avec qui tu allais au MacDo ».

Avec les années, ces athlètes 2.0 adoptent des comportements semblables aux autres sports et un planning minuté. Plusieurs membres de l’équipe se sont même mis à la cryothérapie avant les quarts de finale du Major pour mieux récupérer. De nombreuses équipes ont également calqué leur quotidien lors des grandes compétitions sur celui des autres sports en enfermant leur joueur dans une bulle qui les préserve de l’extérieur et limite leurs interactions avec leurs proches.

 C’est de la mécanique de précision 

Fabien « Neo » Devide

Ce « choc des cultures », dixit Matthieu Péché, a permis de rationaliser la préparation avec l’espoir de tirer le meilleur de ces gamers professionnels. À l’image d’un XV de France en stage de plusieurs jours avec des militaires l’année dernière, le staff de Vitality a mis en place des camps d’entraînement en pleine nature. Objectif : renforcer la cohésion de son groupe, élément primordial dans la réussite d’une équipe de Counter-Strike : Global Offensive.

Rechercher le petit gain de performance qui font la différence, c’est ce vers quoi tendent la plupart des grandes structures du domaine. Kasper Hvidt, ancien gardien de l’équipe danoise de handball, est célèbre dans le milieu esportif pour avoir importé auprès de plusieurs clubs danois les méthodes qui lui ont permis d’être des champions de stature mondiale. « C’est de la mécanique de précision, assure Fabien Devide, co-fondateur et président de Team Vitality surnommé « Neo ». On court tous après les gains marginaux, ces 1 % de performance qui font la différence entre les très bonnes équipes et les vainqueurs. »

Se libérer mentalement pour performer

Pour grappiller ces gains marginaux, les équipes d’esport vont de plus en plus dans le détail. À mesure qu’ils se structurent et poursuivent leur développement économique, les staffs incluent de la préparation mentale. L’équipe française LDLC OL externalise cette tâche via Nove Perform, une entreprise proposant des modules de formation à la préparation mentale.

Vitality a préféré recruter en interne Lars Robl, un ancien membre des forces spéciales du Danemark qui a travaillé au sein de la fédération danoise de canoë-kayak. « On en demande autant à nos joueurs qu’à des athlètes de sports classiques », pose l’ancien officier, qui a suivi des études en psychologie à l’Université de Copenhague.

 On crée des cycles de performance 

Fabien « Neo » Devide

Une fois par semaine, il organise une réunion pour échanger avec eux et leur permettre de concilier leur vie personnelle avec les objectifs sportifs qu’ils se sont fixés. « On les accompagne pour qu’ils puissent être focus les jours de compétition, explique Lars Robl. Il y a tellement de décisions à prendre en match, qu’ils ne peuvent pas se permettre d’être distraits. » Le préparateur mental aide ses protégés à comprendre la raison de leurs rêves de compétiteurs. Les emmener à se livrer les protège des mauvaises performances, mais également des burn-outs, courants dans le milieu.

Importer les méthodes du sport traditionnel à tendance à se généraliser. Mais pour en récolter les fruits, il faut parfois se montrer patient. « Avec le temps, on se rend compte que l’on crée des cycles de performance, raconte Fabien « Neo » Devide. Deux ans, c’est généralement ce qu’il faut pour qu’une équipe arrive à maturité. »

Une temporalité en écho à la situation de son équipe, qui a décidé de s’internationaliser début 2022 en accueillant deux joueurs danois puis un joueur israélien. Il reste cependant encore beaucoup de chemin à parcourir avant que les écuries européennes ne parviennent à combler l’écart avec leurs rivaux asiatiques, véritables colosses de la scène esportive.

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