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« Contes du hasard & autres fantaisies » : Hamaguchi sublime l'ambiguïté morale du désir - Le Monde

Kotone Furukawa et Ayumu Nakajima.

Nouvel étendard du cinéma d’auteur extrême-oriental, le Japonais Ryusuke Hamaguchi a fait une percée internationale fulgurante, qui l’a mené, après la révélation de Senses en 2015, directement dans le saint des saints de la compétition cannoise avec Asako I & II (2018) puis Drive My Car (2021), titre qui vient de recevoir l’Oscar du meilleur film étranger. Quant à l’univers de Hamaguchi, un certain dépouillement formel, associé à un goût du dispositif, y voisine avec une casuistique sentimentale aussi subtile que retorse. Il évoquerait celui d’un Eric Rohmer pour citer la référence la plus proche, mais non moins celui du grand classique nippon Mikio Naruse, dont il partage la mélancolique et cruelle délicatesse, ou de son contemporain coréen Hong Sang-soo, duquel il tient vraisemblablement son goût des structures narratives spéculaires (histoires qui recommencent à zéro, personnages dédoublés, fantastique discret…)

Contes du hasard & autres fantaisies, réalisé durant la pause due au Covid-19 du tournage de Drive My Car, sélectionné au Festival de Berlin 2021, ne sort qu’aujourd’hui en France et confirme, plus que tout autre de ses films, l’affinité du réalisateur avec l’auteur des Contes moraux. Comment rendre justice à ces courtes histoires, plus particulièrement à leur maestria narrative et à leur ambiguïté morale, sans révéler un tant soit peu de leur intrigue et de la très savoureuse manière dont elles sont tournées ?

Belles surprises en réserve

Trois histoires chapitrées nous sont donc proposées, dans lesquelles le point de vue, l’initiative dramatique et la présence des femmes sont prééminents. La première, intitulée Magie ?, ramène d’une séance photo en taxi de nuit deux jeunes femmes dans les rues de Tokyo. Entre candeur infantile, discipline de la charge charnelle et extatisme mental, Gumi, la maquilleuse, se confie à Meiko, le modèle, sur le crush qu’elle est en train de vivre avec un inconnu qui la subjugue d’autant plus qu’il est encore sous le coup d’un chagrin d’amour. Meiko dépose son amie, puis se rend direct chez le jeune homme, qui est évidemment celui qu’elle vient de laisser tomber. La surprise ici éventée en réserve quelques autres, plus belles encore, derrière.

Katsuki Mori et Kiyohiko Shibukawa

Le deuxième conte s’intitule La Porte ouverte. Le titre tient à l’habitude qu’a le professeur Segawa, spécialiste de littérature française et romancier, de toujours maintenir, par prudence élémentaire eu égard à l’évolution des réseaux sociaux, la porte de son bureau ouverte à l’université. Or voici justement qu’un ancien élève, vulgaire crétin écarté de l’université par ses soins, manigance un guet-apens sexuel pour se venger. Il envoie pour le séduire sa propre maîtresse, Nao, une femme mariée qui s’ennuie au foyer et qui est justement une ancienne élève du professeur Segawa. Sous prétexte de se faire dédicacer son dernier roman, l’enregistreur de son portable enclenché dans sa poche, la jeune femme, au charme fou, vient lire au professeur l’un des passages les plus sexuellement torrides de l’ouvrage car elle aimerait qu’il le lui dédicace précisément à cet endroit…

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